La Coconut School: une école cambodgienne à l’avant-garde de la protection environnementale

L’histoire de notre planète Terre a débuté il y a plus de 4,6 milliards d’années.

Cependant, aujourd’hui, elle se trouve à bout de souffle, confrontant nos sociétés actuelles à repenser nos modes de vie et de consommation afin de préserver un habitat viable pour les futures générations et l’ensemble des êtres vivants avec qui nous la partageons.

L’une des plaies béantes de notre Terre se concrétise par un usage excessif du plastique. Cette matière a connu un essor grandissant à partir des années 1950. On la retrouve tout autour de nous, présente dans presque tous nos objets du quotidien, servant notamment à envelopper notre alimentation.

Le plastique et son usage nous confrontent à un fléau environnemental sans précédent. En effet, des chercheurs tel que Roland Geyer ont estimé que 79% du plastique produit, est déchargé dans notre environnement, nos lacs, nos rivières, créant même le tristement célèbre continent de plastique. Ses débris et particules se retrouvent désormais dans l’ensemble de la chaîne alimentaire: du plancton aux plus grands mammifères, touchant par conséquent notre alimentation quotidienne.

Face à ce fléau, un jeune cambodgien nommé Oncle Ouk Vanday, attristé et alerté de voir de nombreux enfants jouer dans la rue au milieu des déchets et confrontés à un accès très restreint à l’éducation, décide de créer une initiative incroyable en construisant la première école bâtie uniquement avec des matériaux issus du recyclage :

La Coconut School

C’est en 2017, à l’âge de 28 ans, que Ouk Vanday, ancien directeur d’hôtel, va se lancer dans cet incroyable projet.

Son idée? 

Offrir à des élèves âgés de 7 à 16 ans et issus de communautés pauvres du Cambodge, un enseignement gratuit en anglais et en informatique, tout en leur donnant accès à une éducation à l’environnement.

Son souhait est de permettre aux élèves de pouvoir s’épanouir afin que chacun d’eux puisse devenir des influenceurs et des leadeurs de demain. Voici quelques lignes de son incroyable projet.

 

 

  • La création de la Coconut School: un projet semeur de changement

Lors de notre rencontre, Ouk Vanday nous a expliqué le cheminement de sa réflexion qui l’a mené jusqu’ici aujourd’hui.

« Avant mes 20 ans, je ne pensais qu’à moi et ma famille ! Après 20 ans, je voulais de l’argent et une femme. A 28 ans, j’ai voulu vivre mes rêves ! Maintenant, je me fiche de l’argent! Je vis mon rêve ! »

Son objectif est de faire changer les mentalités d’ici les 20 prochaines années grâce aux enfants et à une éducation à l’environnement. Il se voit comme un lanceur, un stabilisateur mais surtout un semeur de projets. Celui-ci est né en 2017, et Ouk Vanday ambitionne de le stabiliser à l’aube de 2023 et de se retirer du site en 2025 afin de continuer à faire vivre le projet sans lui. A ce moment là, il pourra recommencer cet incroyable projet dans une autre partie du Cambodge en créant cette fois-ci une école sur le lac Tonle Sap qui est pour lui l’un des endroits les plus pollués du Cambodge.

Nous avons demandé à Ouk Vanday comment il avait eu l’idée de construire cette école. Voici sa réponse:

Comment avez-vous eu l’idée de construire cette école?

  • La construction d’une école atypique.

L’éducation à l’environnement se traduit principalement par l’architecture atypique de cette école. Von Day a décidé de construire son école uniquement à base de matériaux issus du recyclage. Ainsi, on y découvre des murs de classes construits à l’aide de bouteilles en plastiques ou en verre et de bouchons, des affichages créés à la base de cannettes…Les images sont plus parlantes que les mots…

  • La création d’un programme de frais de scolarité novateur.

Dans cette école, nul besoin de débourser de l’argent pour subvenir à sa scolarité. Les enfants payent leur dû en rapportant chaque semaine une certaine quantité de matières recyclables à l’école et ainsi par la même occasion « nettoyer » la montagne. Ainsi, ils peuvent choisir entre divers matériaux tels que les bouchons, les bouteilles ou encore des pneus. Un enfant choisissant les bouchons, devra en rapporter 200 pièces. Ces divers emballages plastiques rapportés serviront à construire de nouvelles parties de l’école ou à la construction d’objets qui seront par la suite vendus afin de collecter des fonds pour pallier au fonctionnement de l’école.

  • Le Cleaning Day

Une fois par mois, l’ensemble des élèves de l’école réalisent le « Cleaning Day »! Le principe, partir tous ensemble dans la forêt environnante afin de la nettoyer en ramassant les déchets qui la jonche. L’idée une nouvelle fois est de permettre à cette jeune génération de comprendre l’impact de nos gestes du quotidien sur notre environnement. Pour que cette sensibilisation soit efficiente, elle nécessite que les élèves soient en contact et agissent dans l’environnement qui les entoure.

  • L’auto financement

Ouk Vanday ne reçoit aucun financement de la part de son gouvernement ou d’une quelconque ONG. Pour permettre à son école d’exister, il a créé diverses sources de financement :

– Offrir la possibilité de visiter l’école en faisant un don.

– Création d’un stand de photographie pour les visiteurs en échange d’un don de 0,50 euro

– Création d’un « Rubbish Coffee » 

* Photo tirée du groupe Facebook « Coconut School »

Ventes d’objets confectionnés par les élèves à partir de matériaux de recyclage. 

* Photo tirée du groupe Facebook « Coconut School »

Ouk Vanday a donc pour ambition de semer des graines tout autour de lui et à travers le Cambodge en éduquant les enfants à protéger l’environnement. L’idée primordiale pour lui est que chacun d’entre nous doit agir non pas en faisant de « bonnes actions » mais en faisant en sorte qu’elles soient « justes ».

« Si on arrête petit à petit, ça va continuer et on va réussir à changer le regard et les mentalités sur la protection de l’environnement. »

 

Notre ruche d’inspiration

Dans nos classes aussi, il est important de sensibiliser et éduquer les futures générations à l’enjeu environnemental. Pour vous aider à vous lancer, si ce n’est pas déjà le cas, voici quelques idées :

Sensibiliser

  • Journée mondiale de l’environnement le 5 juin.

Réduire les déchets

  • Etude d’une pièce de théâtre et création de saynètes autour de cette thématique, notamment à partir de cette pièce accessible dès l’âge de 8 ans :

La Terre qui ne voulait plus tourner/ Autrefois, aujourd’hui, demain.  De Françoise du Chaxel.

« La planète bleue en a assez des hommes qui la mutilent. Elle s’arrête de tourner. Imaginez la pagaille ! La Lune, le Soleil et Mars tentent de la raisonner, en vain. C’est un jeune garçon qui convaincra les humains d’arrêter le massacre écologique pour calmer la Terre. »

  • En arts visuels, étude d’artistes qui ont créé leurs œuvres à partir de matériaux issus du recyclage tels que : Kurt Schwitters, Niki de Saint Phalle, César, Didier Triglia…
  • Réalisation artistique à partir de déchets issus du recyclage : fresques géantes à partir de bouchons, réalisation d’un défilé de mode en objets de recyclage, créer des instruments de musique, des bijoux…

–  « Des projets artistiques et pédagogiques comme outils d’éducation à l’environnement. »

– On vous conseille aussi ce site américain « RefrigeratorGood » qui regorge d’idées.

  • Travailler à partir du livret pédagogique pour enfants : « Les héros du zéro déchet » qui a pour but de sensibiliser les enfants aux impacts des déchets sur l’environnement et notre quotidien en proposant 6 actions pour tendre vers le zéro déchet.
  • En sciences : créer un composteur pour l’école
  • Participer à des projets de collectes et de redistribution tels que :« Les piles solidaires » ou « Recylium »
  • Trouver des idées sur le recyclage des déchets à partir de ce site qui regroupe différentes activités et séquences à mettre en place dans sa classe de la maternelle au collège.
  • Faire appel à une association proposant des ateliers de sensibilisation à l’environnement comme : « Surfrider »
  • Pour le collège, lycée, participer au prix « Alimentaires » qui récompense les initiatives novatrices qui sensibilisent et mobilisent les jeunes pour une agriculture et une alimentation durables et solidaires. L’objectif de ce prix est donc de valoriser les actions menées pour la sensibilisation des jeunes (14-25 ans) à ces enjeux et qui contribuent à leur engagement.
  • Organiser des sorties scolaires « zéro déchet » ou des « challenges déchets » lors des pique-niques, en invitant les parents à utiliser des boites de conditionnements, à emballer les sandwichs dans des torchons, utiliser une gourde… Voici un petit mémo pour vous aider à organiser cela facilement:

Respecter la biodiversité

Changement climatique

  • La séquence du très célèbre site la Main à la pâte vous donnera sûrement beaucoup d’idées avec son module « Le climat, ma planète et moi! »

Dans nos pratiques quotidiennes

  • Créer des éponges à ardoises à partir de chutes de tissu

  • Utiliser les chutes de papiers pour faire des gommettes à l’aide de perforatrices

  •  Faire son agenda à partir de feuilles de brouillon

  • Fabriquer du papier recyclé

  • Fabriquer des sprays de peintures à l’eau à partir de vieux feutres

*Les photos utilisées dans cet article ont été prises par Claire Roussel et Coralie Delcol.

L’article a été rédigé par Coralie Delcol, professeur des écoles et membre du bureau de l’association IMAGO.

N’hésitez pas à commenter et donner votre avis sur notre article.

Comments

  1. Quelles bonnes idées !

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