Emma – Rêve d’Ecole

Emma, enseignante depuis plus de 35 ans et actuellement enseignante en ULIS depuis huit ans, a décidé de partager son témoignage sur l’Ecole de demain.

« J’enseigne depuis plus de 35 ans, et je n’ai pas l’impression que l’école s’améliore…

Quand je parle d’amélioration c’est surtout le relationnel, mais aussi les conditions matérielles et psychologiques. On met sur les épaules de nombreux élèves un poids important de réussite, un rythme à suivre coûte que coûte alors que certains ont besoin de temps.

En Belgique par exemple s’il y a 30 élèves (ce qui est très rare), il y a automatiquement un 2ème enseignant dans la classe. En France c’est 30 à 35 élèves dans la plupart des cas avec seulement un ou une enseignant.e

Petite anecdote : lorsque j’étais en maternelle deux années de suite, il y a eu 28 élèves dans les classes. L’année suivante nous avons eu une fermeture de classe car il n’y avait pas assez de monde pour la classe.

Les pays du Nord ont moins d’élèves au sein de leurs classes, ce qui amène plus d’échanges, moins de bruits (chaises qui bougent, élèves qui parlent….) et donc moins de stress pour les élèves et les enseignants. Qui dit plus de monde dit aussi des salles souvent petites dans lesquelles on ne peut pas toujours bouger.

Je vais vous donner l’exemple de la scolarité de ma nièce qui vit en France mais va à l’école en Belgique. Dès la maternelle le nombre d’élèves est moins important, le temps de sieste est respecté, des fruits pour les goûters demandés, afin d’affiner les goûts. Au sein de l’établissement scolaire l’orthophoniste intervient pour les élèves (de maternelle) les parents français qui apprennent le néerlandais sont également pris en charge pour aider à la prononciation des mots, et acquérir plus de vocabulaire. Tout élève qui se trouve en difficulté est suivi. La psychomotricienne intervient également. Un élève qui ne sait pas tenir son crayon, rester assis calmement ne passera pas en primaire, il refera une année de maternelle, car sans ces acquis on ne peut penser acquérir des notions en lecture écriture et mathématiques. Lors de l’entrée en CP un élève qui a encore besoin de suivi aura  une prise en charge par l’orthophoniste qui l’emmène elle-même dans sa salle en ville ; cela se fera après les cours.

Il n’y a pas d’examen final, mais un contrôle continu, et deux gros tests (10 jours ≈). Pour les CP : Février / Juin et pour les autres classes : Décembre/ Juin.

Un élève qui a des difficultés en Maths par exemple peut suivre les cours de l’année précédente, il ira ainsi dans deux classes différentes selon ses besoins, il pourra également être pris individuellement par un enseignant pour des cours de rattrapage. En France impossible d’être dans différentes classes… SAUF en ULIS (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire) donc seuls les élèves dans le champ du handicap peuvent y avoir droit.

Exemples d’activités proposées en Belgique : apprendre à taper des textes avec tous les doigts comme la dactylo auparavant, faire des sorties sur les marchés avec une liste de courses et son porte-monnaie pour apprendre à payer et à vérifier ce qui est rendu. (encore des activités ULIS).

Dès la fin du primaire (cela correspond à notre 6ème ) il y a deux possibilités :

– soit d’être dans le général

– soit dans le technique, pour pouvoir découvrir de nombreux métiers et ainsi pouvoir s’y préparer.

Si on part vers le général, il est possible à tout moment, selon les difficultés, de basculer vers le technique. Aucun jugement envers le technique….

Je suis également allée en Angleterre et là aussi les élèves passent d’une classe à l’autre, ils doublent en fin de scolarité pour pouvoir aller dans la fac de leur choix (en France le redoublement peut stopper les choix car tout n’a pas été parfait…)

Il me semble que pour que l’école française aille mieux, il faudrait vraiment mettre l’enfant au cœur du système, (pas un enfant roi qui se permet de tout critiquer et à qui on ne refuse rien, ce n’est pas mon propos) mais un enfant que l’on prend en compte. L’école n’est pas une entreprise, dans laquelle on « surcharge » les classes afin d’avoir un solde positif, moins de dépenses…. C’est prendre l’enfant là où il en est et l’amener le plus loin possible, en le respectant en  respectant son rythme… en lui donnant confiance en lui.

Comment mettre cela en place avec tant de monde, avec l’obligation de terminer coûte que coûte le programme ?…

Avec des effectifs tels qu’ils sont actuellement, la rigidité envers les programmes les paliers à atteindre, l’enfant ne peut pas s’épanouir comme il le devrait.

Mon conseil de lecture : Céline Alvarez, Une année pour tout changer et permettre à l’enfant de se révéler.   »

Comments

  1. Si seulement nos décideurs lisaient ce texte et comprenaient ces évidences !!!!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *