André Tricot

Etude en psychologie cognitive et dans le domaine des technologies de la communication.
Coordonnateur du groupe d’élaboration des propositions de programme du Cycle 2
Chercheur et ancien directeur du laboratoire « Travail et cognition » de Toulouse.
Citation clé de l’interview: « L’école sert à nous apprendre ce que l’environnement quotidien ne nous permet pas d’apprendre. »

A quels enjeux doit répondre l’école d’aujourd’hui pour préparer les élèves à la société de demain ?

Selon André Tricot, depuis son existence, l’école répond toujours au même enjeu : permettre aux enfants et adolescents de comprendre et être acteurs du monde de demain.

Cet enjeu oblige l’école à s’interroger et relever des défis de taille :

Défi N°1 : Identifier les évolutions marquantes de notre société

L’école, par sa structure et son fonctionnement, se doit de distinguer les évolutions qui n’auront qu’un impact éphémère de celles qui vont profondément sculpter et modifier notre société. L’école ne doit donc pas réagir trop rapidement face aux progrès et inventions technologiques qui l’entourent au risque de proposer des démarches et des outils d’apprentissages qui se révèleront vite désuets.

Prenons, l’exemple de l’invention du « Minitel » qui a pu être considérée comme une réelle évolution en termes de communication au sein de notre société. Nous constatons cependant aujourd’hui le caractère éphémère de cette innovation face aux progrès rapides qu’il y a eu avec l’apparition d’Internet. Ainsi, l’école se doit de ne pas réagir trop vite, au risque de mettre en place par exemple des cours de Minitel qui s’avèreront bien vite inutiles.

Défi N°2 : Ce que l’école doit donner à apprendre

Pour André Tricot, l’école sert à apprendre aux enfants, tout ce qu’ils ne peuvent pas apprendre uniquement par le seul fait de grandir. Tout individu venant au monde apprend tout au long de sa vie par le seul fait d’interagir avec l’environnement qui l’entoure. Ainsi, on apprend à parler, à coopérer avec autrui, se déplacer…Tous les apprentissages qui relèvent de l’observation et de l’imitation.

Voici, un exemple connu de jumeaux d’à peine un an communiquant entre eux sans user des mots que nous connaissons. Mais pourtant, nous entendons très distinctement, qu’ils utilisent l’intonation des questions, des réponses, des avertissements tout en s’engageant dans une communication non-verbale alors que rien de tout cela ne leur a été appris encore ! Voir la vidéo

Le rôle de l’école va donc être de combler tout ce que l’environnement ne peut pas apporter à l’individu, tout ce que l’on ne peut apprendre par le seul fait d’interagir avec notre environnement.

Par exemple, l’école va nous enseigner l’écrit, l’oral dans une langue étrangère ou celui que l’on n’apprend pas hors de notre école comme la poésie, le théâtre…

Le rôle de l’école est donc d’enseigner aux élèves les connaissances dont ils n’ont aucune intuition ou dont ils ont une simple appréhension.

Nous vous partageons une vidéo d’André Tricot répondant à la question « Qu’est-ce qu’apprendre ? »

Pourquoi certains apprentissages ne fonctionnent pas ?

Certains apprentissages, tels que l’écriture et la lecture ne peuvent se faire par simple adaptation, en imitant et répétant inlassablement. C’est dans ce contexte que le rôle de l’enseignant va prendre tout son sens ! Sa mission va être de simplifier les choses, de créer des progressions dans les apprentissages afin d’aboutir à une finalité.

Ainsi, pour apprendre à écrire, on va d’abord apprendre à l’élève à réaliser des formes. Tout l’enjeu de l’enseignement repose donc sur la capacité de l’enseignant à proposer à chaque élève des tâches d’apprentissages motivantes, adaptées et progressives.

Quels sont les moyens dont dispose l’école pour y parvenir ?

Pour André Tricot, partout dans le monde, l’école est confrontée au même dilemme. Elle repose sur quatre contraintes : le lieu, le temps, le savoir et sociale.

Ainsi, les élèves ne choisissent ni où, ni quand, ni comment on s’organise dans la classe, ou ce que l’on va y apprendre. Donc l’école existe car il y a ces contraintes.

Pour faire accepter ces contraintes, l’école peut, notamment utiliser :

  • Le jeu
  • Les interactions entre pair
  • Les activités d’exploration

Ces moteurs naturels ont été observés à une échelle bien plus grande, car ils sont présents chez tous les mammifères.  De par leur caractère inné, ils peuvent donc constituer les piliers de la pédagogie de chaque enseignant, car ils répondent au fonctionnement biologique qui nous constitue !

Pour illustrer nos propos, nous vous invitons à visionner une vidéo d’André Tricot qui nous parle du plaisir d’apprendre !

Et les supports dans tout ça ?

André Tricot, après de nombreuses études sur le sujet, en est venu à la conclusion que les supports d’apprentissages n’avaient finalement qu’une importance superficielle.

Un enfant apprendra quand l’enseignant aura bien géré les contraintes de temps, d’espace, d’organisation. Lorsque les buts d’apprentissages, les savoirs, les objectifs  et les tâches seront clairement définis. Le support lui finalement est secondaire et ne cessera d’évoluer au fil des années (papier, ordinateur, Tni, tablette…) En savoir plus

Ici une vidéo courte d’André Tricot, répondant à la question : « A quelles conditions les innovations pédagogiques permettent-elles de faire progresser les élèves »

Quels sont les nouveaux enjeux d’apprentissage de l’école d’aujourd’hui ?

L’école d’aujourd’hui doit apprendre à lire, comprendre et surtout « évaluer ». Les élèves doivent apprendre à évaluer la qualité et la pertinence d’une information, notamment face à l’abondance à laquelle ils doivent y faire face avec les réseaux sociaux.

Voici pour finir une vidéo d’André Tricot qui nous parle de « L’école du futur »

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