Osons imaginer l’école de demain grâce au collège Sainte Anne de Montréal!

Lorsque deux innovateurs de l’Education mettent en commun leur créativité au service du bouleversement pédagogique, cela crée une école hors norme. En périphérie de Montréal, le collège Saint Anne, prend vie à l’intérieur des murs d’un ancien couvent. Ici, l’architecture majestueuse et riche d’un héritage historique fort se retrouve parachutée dans un univers futuriste dédié à l’éducation. De cet antagonisme architectural naît une école unique en son genre qui ambitionne de préparer les élèves à devenir les acteurs du monde de demain. Depuis le début des années 2000, Ugo Cavenaghi président-directeur-général et Isabelle Senécal directrice de l’innovation pédagogique du collège Saint Anne, ont décidé de participer à l’élaboration d’une école idéale.

Ce projet ambitieux et révolutionnaire résulte d’un constat simple. Notre société connait depuis plusieurs années des mutations et changements profonds qui modifient les différentes parts de notre vie tant quotidienne que professionnelle. Nos façons de communiquer, d’interagir les uns avec les autres, de s’informer, de circuler… ont changé. L’école et notre système éducatif à l’inverse semblent s’être figés dans le temps, tant dans son fonctionnement que dans sa conception. Un simple souvenir comparatif de nos salles de classe, de celles de nos parents et de nos enfants aujourd’hui permet cette prise de conscience.

« L’un des problèmes de l’école traditionnelle, c’est que l’enseignement y est trop souvent déconnecté de la réalité des jeunes »

Ugo Cavenaghi et Isabelle Senécal ont impulsé une aire du changement au cœur du collège Saint Anne. Les différentes strates de l’école ont ainsi été repensées : de l’apprentissage individualisé pour les élèves, aux rôles et fonctions de l’enseignant, jusqu’à l’architecture et l’aménagement de la classe.

1 – Déconstruire l’éducation telle qu’on la connaissait en guise de fondement du changement

Dans leur livre « Osons l’école », Ugo Cavenaghi et Isabelle Senécal se sont interrogés et ont étudié en profondeur les mutations qu’a connu notre société. Ces bouleversements constituent le canevas qui va leur permettre d’identifier les éléments et les directives à prendre en compte pour réinventer et reconstruire l’école en adéquation avec l’évolution de notre société.

1.1 – L’apparition d’Internet et des nouvelles technologies

Depuis son existence, l’école sert par essence à former les adultes de demain, principalement grâce à l’acquisition d’un bagage de connaissances scientifiques et académiques susceptibles de servir à la construction de notre vie professionnelle. Or, nos sociétés ces dernières décennies ont connu de profondes mutations qui ont bouleversé notre rapport et notre accessibilité au savoir.

L’apparition d’Internet et sa diffusion à grande échelle est la source de ces bouleversements. Nous naviguons aujourd’hui dans une société interconnectée en permanence. Internet est devenu un critère indispensable à nos modes de vie. Il constitue un de nos critères de sélection dans chaque part de notre quotidien, même lorsque nous réservons un hôtel pour nos vacances nous vérifions son accessibilité au sein de l’établissement choisi.

« Internet a transformé toutes les sphères de l’activité humaine : nos habitudes de travail et de consommation, notre façon de s’informer, de se divertir, et même d’entrer en relation avec les autres »

L’école, grande organisation de notre société n’échappe pas à cette règle, et ses acteurs principaux, les élèves encore moins. Nous nous retrouvons aujourd’hui, face à des nouvelles générations d’élèves qui grâce à un simple téléphone connecté à Internet peuvent avoir accès à un panel de connaissances illimité. Lorsqu’ils ont un devoir, une recherche à réaliser, leur premier réflexe est d’attraper leur téléphone pour y trouver les informations et connaissances nécessaires pour y parvenir. Ainsi, l’enseignant n’est plus l’unique détenteur du savoir. La connaissance est tout autour de nous, au travers d’une variété de supports, et sans contrainte temporelle car accessible à tout moment. Nous n’avons donc plus besoin d’être attentif en permanence en classe, car nous pourrons retrouver et compléter l’ensemble des informations données par l’enseignant au moment où nous en aurons envie. L’élève devient lui aussi acteur et co-équipier de l’enseignant pour construire le savoir.

« En transformant le mode d’accès à l’information, les technologies numériques ont enlevé à l’école son monopole de l’instruction »

Ces exemples, soulèvent bon nombre de questions telles que : « Comment donner l’envie aux élèves de se rendre à l’école si toutes les connaissances sont accessibles à portée de main ? Comment rendre les situations d’apprentissages motivantes face à la richesse des supports que nous offre Internet ? Et surtout que faut-il apprendre aujourd’hui à l’école et quel nouveau rôle vont jouer les enseignants ? »

« L’élève n’est plus « récepteur » du savoir, mais « auteur », « co-constructeur ». L’élève passe donc d’une posture passive à une posture active. Cette nouvelle donne oblige les enseignantes à revoir leur rôle, à découvrir où se trouve désormais leur plus-value. »

Ainsi, le rôle de l’enseignant et de l’école connaissent un tournant qu’il faut interroger et questionner pour répondre aux nouveaux besoins des nouvelles générations. C’est ce qu’ont fait Ugo Cavenaghi et Isabelle Senécal.

1.2. Naissance d’une culture de la collaboration.

Un deuxième point qui ressort du passage au microscope de notre société par ces deux spécialistes en éducation est l’utilisation toujours plus massive des réseaux sociaux. Nous sommes toujours plus connectés, et donc de plus en plus en interaction les uns avec les autres opérant ainsi un glissement vers une société plus collaborative. Les réseaux sociaux permettent d’échanger, de partager, de collaborer sur un même projet à différents points du globe.

« Les technologies font également de nous des individus connectés les uns aux autres. »

Ugo Cavenaghi et Isabelle Senécal n’en parlent pas sous ce critère mais, il nous semble important de stipuler que la course pour enrayer le défi climatique a elle aussi contribué parallèlement à l’émergence d’une société plus collaborative. Ces questions de survie d’ordre mondial, nous amènent dans un premier temps à échanger, et débattre, mais aussi à co-créer et co-construire des solutions, et à les partager à l’échelle mondiale. Notre société est donc entrée dans une ère de la coopération et de l’interaction, laissant derrière elle peu à peu une société un peu trop individualiste.

Ce sont donc des données qu’il va falloir prendre en compte dans l’élaboration de l’école de demain.

1.3 – Une nouvelle posture d’élève issue de la génération Z

Au cours des années et des évolutions de notre société, les générations se sont succédées amenant avec elles, des évolutions et des modifications de nos comportements, de nos façons d’appréhender aussi bien notre vie personnelle que professionnelle. Nous avons ainsi entendu parler des générations « Baby boomers » ou encore « génération X », aujourd’hui, nous avons devant nous la génération Z ou génération zapping. Elle correspond aux enfants nés entre 1995 et 2010.  Une étude menée par le Swiss Education Group, définit cette génération comme hyperconnectée. Ils possèdent et utilisent tous les jours leur téléphone connecté à Internet et partagent leur quotidien sur les réseaux sociaux. Ils développent une capacité d’adaptation très importante mais à l’inverse sont habitués à « zapper » très rapidement un grand nombre d’informations. Ce mode d’action a aujourd’hui des répercussions qui ressortent d’un constat mondial, leur capacité d’attention est de ce fait beaucoup plus faible. L’étude de « Swiss Education Group » a ainsi démontré qu’en moyenne un jeune de la génération Z a une capacité d’attention d’environ 12 minutes sur un sujet qui les intéresse et uniquement 8 secondes en situation passive. Ces constats et études interrogent donc nos pratiques d’enseignement notamment en termes de durée des séances mais aussi dans la manière d’appréhender leur contenu.

De plus, les études montrent que si ces élèves arrivent aisément à faire des choix, et développer leur créativité ils ont à l’inverse beaucoup de mal à contrôler et faire face à leurs émotions.

« Ils et elles sont plus réactifs, plus créatifs et plus aptes à prendre des décisions, mais contrôlent moins bien leurs impulsions. »

Isabelle Senécal et Ugo Cavenaghi citent d’ailleurs les recherches menées par Olivier Houdé sur le fonctionnement du cerveau face à ces nouveaux modes de fonctionnement.

« Le cerveau reste le même, mais ce sont les circuits utilisés qui changent. Face aux écrans […] les natifs du numérique ont une sorte de TGV cérébral, qui va de l’œil jusqu’au pouce sur l’écran. Ils utilisent surtout une zone du cerveau, cortex préfontal, pour améliorer cette rapidité de décision, en lien avec les émotions. Mais cela se fait au détriment d’une autre fonction de cette zone, plus lente, de prise de recul, de synthèse personnelle et résistance cognitive. »

On commence dès aujourd’hui à parler de la génération qui va suivre, la génération alpha qui est née après les années 2010. Voici un petit podcast de France Inter si vous voulez en savoir plus.

1.4 – L’émergence de l’intelligence artificielle et des nouvelles technologies

Pour Ugo Cavenaghi et Isabelle Senécal, le progrès et une évolution adéquate de nos structures éducatives ne peut se faire sans la prise en compte d’une des avancées technologiques les plus bouleversantes et déroutantes de ces dernières années : l’intelligence artificielle. Nous entrons dans une ère sans précédent où le progrès permet de créer des machines capables de remplacer ou d’être plus performantes que l’humain grâce à un enchaînement rapide d’algorithmes. A l’image de « R2 », la première camionnette de livraison autonome sans conducteur mis en circulation depuis 2018 en Californie. Même si cette perspective peut sembler déroutante voir effrayante, nous devons être conscients que ces changements sont en cours et surtout que les enfants d’aujourd’hui, seront amenés à l’âge adulte à devoir appréhender ces outils de travail.

« La technologie est là pour rester, et nous ne devons pas la repousser hors de l’école. Et l’intelligence artificielle, qui progresse actuellement de manière fulgurante, occupera une place de plus en plus importante dans nos vies. »

Ces évolutions techniques ont fait s’interroger Isabelle Senécal et Ugo Cavenaghi sur le rôle que devait jouer l’école dans la prise en compte de ces évolutions et la nature des contenus que nous enseignons.

« En effet, est-il pertinent de continuer à enseigner aux jeunes des connaissances et compétences que les machines dotées d’IA seront capables de maîtriser et d’exécuter beaucoup mieux que les humains ? »

Ces deux innovateurs ne sont pas les seuls à s’être déjà penchés sur la question. Le monde change et évolue, des métiers que l’on connaît aujourd’hui sont amenés à disparaître, d’autres à évoluer et certains n’ont pas encore été créés. Ainsi, différents organismes et chairs universitaires ont tentés de définir les compétences du XXI siècle.

« Il existe aujourd’hui un consensus international sur le fait que les nouvelles réalités exigent des connaissances et des aptitudes différentes de celles qui étaient considérées comme nécessaire durant la période industrielle. L’OCDE, l’UNESCO, l’Union européenne, des centres universitaires et des groupes de recherche ont identifié ces « compétences du 21e siècle », qui s’ajoutent à des bases solides en littératie, en numératie et en sciences. Leurs travaux convergent vers les compétences suivantes : la collaboration, la communication, les compétences liées aux technologies de l’information et de la communication, ainsi que les habiletés sociales et culturelles, incluant celles relatives à la citoyenneté. »

Réinventer l’école passe donc par une prise en compte du monde qui nous entoure et des progrès qu’il dessine, amenant invariablement à une redéfinition de notre manière d’appréhender l’enseignement en termes de contenu, d’objectif, de démarche, de structuration…

2 – Le collège Sainte Anne, le fonctionnement d’une école réinventée.

La présentation des différentes innovations pédagogiques réalisées sur le collège Sainte Anne sont importantes. Ainsi pour vous permettre de naviguer avec plus d’aisance sur cet article voici un sommaire interactif vous permettant de cibler les thématiques qui vous intéressent.

1 – Enseigner autrement : élaboration du « Cours de demain » pour permettre de repenser les compétences à acquérir.

2 – La culture de l’essai-erreur 

3 – Enseigner autrement : vers une transdisciplinarité.

4 – Enseigner autrement : en enseignant à plusieurs.

5 – Enseigner autrement : la pédagogie active.

6 – Enseigner autrement : la CUA, la conception universelle de l’enseignement pour un enseignement égalitaire.

7 -Enseigner autrement : l’école berceau de l’apprentissage de nos émotions.

8 – Enseigner autrement : en collaborant avec les différents acteurs de l’école.

9 – Enseigner autrement : l’importance de la créativité.

10 – Enseigner autrement : en intégrant les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle.

11 – Enseigner autrement  grâce à l’aménagement de l’école et des classes.

2.1 – Enseigner autrement : élaboration du « Cours de demain » pour permettre de repenser les compétences à acquérir.

Notre société, nous l’avons compris est en pleine mutation. Le collège Sainte Anne fort de ses recherches et de ses constats s’est lancé dans la construction d’une pédagogie novatrice et « efficace ». Pour y parvenir Isabelle Senécal directrice de l’innovation pédagogique et douze enseignants se sont lancés dans un grand chantier : l’élaboration du « Cours de demain ». Leur point de départ a été de répondre à cette problématique :

« Que voulons-nous accomplir avec les jeunes qui nous sont confiés et pourquoi ? »

A partir de ce questionnement, l’entreprise à faire évoluer la pédagogie était lancée. L’équipe s’est d’abord intéressée à définir le profil de sortie de leurs élèves. De quoi vont-ils avoir besoin pour pouvoir évoluer et réussir dans notre société en mutation ? Quels outils et compétences l’équipe enseignante doit-elle leur apporter au cours de leur scolarité ?

Cette réflexion a permis de définir sept compétences qui semblent indispensables à la réussite des élèves dans notre société en mutation :

« Nous avons ciblé sept compétences de l’élève, dont la plus importante est la pensée analytique et créative pour une résolution de problèmes. Nous ignorons ce que l’avenir nous réserve, mais nous savons avec certitude que de problèmes sérieux surviendront et devront être résolus. Les six autres compétences sont : la communication habile dans divers contextes, le travail d’équipe, la culture du numérique, la perspective sur le monde, le développement d’un esprit critique et audacieux, ainsi que la prise de décision intègre et éthique. La créativité, le raisonnement complexe, les apprentissages durables et la ténacité représentent les quatre fondements sur lesquels s’appuient nos décisions en matière d’évaluation, de matériel pédagogique, d’outils numériques et de modèles de classe, tels qu’exposés dans notre Cours de demain. »

De cette grande réflexion et projet novateur est ressorti un guide du « Cours de demain » qui permet d’aider les enseignants à construire leur projet en prenant en compte ces différentes dynamiques.

Vidéo de présentation du « Cours de demain ».

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2.2 – La culture de l’essai-erreur 

Pour Isabelle Senécal et Ugo Cavenaghi,  il est primordial que l’école mette en avant la culture de l’essai-erreur car elle revêt un caractère formateur indispensable pour l’apprenant. Ils s’appuient notamment sur le célèbre ouvrage d’Astolfi « L’erreur comme outil d’apprentissage » pour véhiculer au sein de toute l’école le caractère positif et instructif de l’erreur. Ils préconisent de répéter régulièrement aux élèves que l’erreur est fondamentale pour apprendre et qu’elle est obligatoire.

« Vivre l’échec, l’accepter, apprendre à surmonter les obstacles pour s’améliorer : cette démarche fait partie de l’apprentissage. Elle aiguise la ténacité et renforce la motivation. Aucun parcours de vie n’est exempt d’erreurs et d’échecs. Donc, savoir échouer, c’est une compétence indispensable dans la vie. »

Comme le dit Philippe Meirieu : « L’école a été historiquement créée pour être le lieu de l’erreur… ». Héritée de notre modèle transmissif, l’erreur est perçue comme une faute et donc considérée comme la chose à éviter. Dans le courant comportementaliste issu du béhaviorisme, l’erreur est un « bogue », c’est-à-dire une anomalie pédagogique de l’enseignant qui n’a pas permis à l’élève de savoir la contourner. C’est seulement avec le courant socio-constructiviste que l’erreur va enfin obtenir un statut positif et être considérée comme un indicateur du processus didactique de l’élève. Les neurosciences viennent le confirmer aujourd’hui, le cerveau apprend en se trompant. Ainsi, notre cerveau dès notre plus jeune âge et tout au long de notre vie, réalise des prédictions permanentes sur le fonctionnement et les régularités du monde qui nous entoure. Nos observations et retours d’informations quotidiens vont venir déstabiliser nos « prédictions » initiales. Cette confrontation « prédiction »/ « constat » permet la mise en route de notre processus d’apprentissage car il nous confronte au statut de l’erreur et à une nécessité d’une actualisation de nos connaissances.

« Un cerveau performant est un cerveau qui fait des erreurs puis qui s’adapte. L’erreur est formatrice, et non un simple manquement par rapport à une norme. –  Hippolyte Gros »

Pour illustrer ces données, on vous invite à regarder cette courte intervention de Pascale Toscani sur le statut de l’erreur et à aller consulter l’interview que l’on avait menée avec elle.

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2.3 – Enseigner autrement : vers une transdisciplinarité.

L’objectif à termes du collège Sainte Anne est de créer une école transdisciplinaire, c’est-à-dire une école qui ne structure plus ses apprentissages en domaines d’enseignements (mathématiques, sciences, français…) mais en organisant les contenus au travers de grandes thématiques. Ce terme a été inventé il y a quelques années par Piaget et se définit comme : « un système total sans frontières stables entre les disciplines. ».  Dans le domaine de l’éducation, nous le connaissons depuis longtemps, c’est le fait d’enseigner des contenus d’apprentissages sous le point de vue de différentes disciplines. Prenons par exemple le thème de « La gourmandise », il va pouvoir être étudié sous la coupelle des arts plastiques, de la poésie, des sciences, de la santé, de l’histoire, de la littérature…

Ugo Cavenaghi et Isabelle Senécal souhaiteraient faire de ce fonctionnement le principe même de l’organisation de l’école à l’image des structures éducatives finlandaises car il constitue le reflet de l’évolution de notre société.

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2.4 – Enseigner autrement : en enseignant à plusieurs.

L’école doit changer et le rôle de l’enseignant ne peut pas y échapper. Ugo Cavenaghi et Isabelle Senécal, veulent ouvrir les portes de l’école et permettre le « co-enseignement » afin d’offrir un enseignement riche et le plus individualisé possible pour chaque élève, toujours en corrélation avec les mutations de notre société.

« Les équipes éducatives compteront trois profils d’enseignantes : des spécialistes des différentes disciplines, responsables de la planification des contenus et de la gestion des données d’apprentissage sur chaque élève ; des coachs d’apprentissage, assumant l’enseignement explicite et le soutien individuel; des « spécialiste défis », responsables de la planification des défis et des projets multidisciplinaires que devront réaliser les élèves, ainsi que des relations avec des experts et autres invités. »

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2.5 – Enseigner autrement : la pédagogie active

Les deux chercheurs se sont tournés vers la pédagogie active pour dynamiser l’école au travers de différents principes d’enseignement. L’idée est de redonner à l’élève sa place d’apprenant actif.

Vidéo de présentation de la pédagogie active au Collège Sainte Anne.

  • La classe inversée

Cette pédagogie fait beaucoup parler d’elle, depuis quelques années, originaire des Etats-Unis, la classe inversée s’appuie sur des principes pédagogiques anciens tel que : la collaboration, la pédagogie de projet, l’élève acteur du savoir…à la différence qu’elle modifie certains codes du fonctionnement et du déroulement de la classe. Les enseignants donnent aux élèves des capsules vidéos interactives à visionner à la maison. Ces vidéos traitent des notions qui seront travaillées en classe. Le temps de classe sera lui dédié à répondre à leurs interrogations, à réaliser des exercices et des ateliers. Le but est de libérer du temps en classe pour permettre de travailler et différencier au mieux les activités des élèves. Voici une petite vidéo explicative:

Les enseignants bénéficient ainsi de plus de temps pour répondre aux interrogations des élèves, cela leur permet d’être au plus près de leurs difficultés pour pouvoir y remédier. Les élèves deviennent des acteurs à part entière du savoir. Nous vous invitons à visionner les différentes ressources laissées dans notre ruche pour en savoir plus, car «La classe inversée » n’est pas une pratique pédagogique unique, mais une multitude de façons de faire et de réflexions, qui permet de sortir de la classe les activités produisant peu d’interaction et de privilégier à l’inverse le temps en classe pour des activités plus complexes et qui mettent en place de nombreuses interactions entre les différents acteurs de la classe.

  • Différentes stratégies d’enseignement 

Afin de continuer à rendre l’élève réellement acteur de ses apprentissages, l’équipe éducative de Sainte Anne réfléchit constamment à offrir une diversité de situations d’enseignement au plus proche de l’intérêt de l’apprenant.

« Voici une liste non exhaustive de stratégies d’enseignement qui placent l’élève dans un rôle d’apprenant actif : le travail par projets et étude de cas ; les discussions et débats ; les jeux de rôles et de simulation ; l’enseignement entre pair ; la ludification, c’est-à-dire l’application de mécanismes du jeu aux situations d’apprentissage, l’utilisation des portefolio, blogues et baladodiffusions… »

– Les jeux de rôles et de simulation:

« Le jeu de rôle n’a pas pour seul objet d’éviter des leçons qui risquent d’être passives, voire ennuyeuses ou répétitives (le professeur est souvent débordé ou ennuyé de se répéter), mais également de rendre vivants la matière, le temps, l’époque, les lieux, la culture d’un pays étranger, ou d’une époque révolue permettant ainsi une pédagogie active, une meilleure mémorisation et une intégration des données.» Anne Ancelin-Schützenberger, Le jeu de rôle : Connaissance du problème, p.61

Vous l’aurez compris les jeux de rôles et de simulation font la part belle à la pédagogie active car ils rassemblent de nombreux avantages :

  • L’élève est un acteur à part entière de l’apprentissage, son implication va favoriser la maîtrise et la pérennisation des connaissances acquises.
  • Le plaisir d’apprendre au travers d’un jeu
  • La coopération pour relever les défis entre pairs
  • Le recours à des archétypes donnent des repères culturels et cognitifs qui vont faciliter la compréhension de situations complexes nécessaires à notre psyché pour nous permettre de représenter des faits.

« Les méthodes actives en pédagogie reposent sur cinq caractéristiques essentielles (Mucchielli, 1983): la mise en œuvre de l’activité du sujet (les élèves doivent faire preuve d’initiative pour découvrir ce qu’ils ont à apprendre), l’utilisation de motivations internes et personnelles des sujets à la place des motivations extrinsèques (punitions-récompenses), l’utilisation de phénomènes de groupe, une variation des rôles de l’enseignant (théoricien en phase de préparation, animateur en phase de formation et vérificateur en phase de contrôle) et la mise en œuvre de nouvelles formes de contrôle reposant davantage sur une autoévaluation à partir d’objectifs pédagogiques. Le jeu de rôle pédagogique correspond parfaitement aux quatre premières caractéristiques. En revanche, cet outil ne fixe pas une démarche évaluative donnée. Ainsi, en plus de la phase d’expérimentation, et de la phase d’élucidation, une troisième phase de vérification de l’acquisition des connaissances devra être mise en place par l’enseignant. Celle-ci pourra prendre la forme d’une auto-évaluation, s’il souhaite rester dans le cadre de la pédagogie active, mais elle pourrait également prendre d’autres formes, notamment pour permettre à l’enseignant de vérifier l’atteinte de ses objectifs pédagogiques. » 

Les jeux de rôles sont donc une stratégie enseignante qui semble intéressante de travailler dans nos classes. Ils permettent de travailler des matières spécifiques telle que l’histoire, mais peuvent aussi servir de point de départ à des débats philosophiques ou à un travail sur le vivre ensemble dans un apprentissage visant par exemple la réduction des violences. Aujourd’hui, nous voyons de plus en plus apparaître  dans nos écoles des « serious games » ou « escapes games » qui sont une autre forme de jeux de rôles où les élèves vont devoir résoudre des énigmes et défis pour mener à bien leur mission.

– Le portefolio

Le portefolio, qu’est ce que c’est ?

Initialement connu en arts pour regrouper les œuvres d’un artiste, le portfolio est ici un outil d’évaluation positive de l’élève qui permet de mettre en avant ses procédures et son cheminement. Ce recueil regroupe ses réussites. L’apprenant est alors acteur de son évaluation, car c’est lui qui choisit les travaux personnels qui vont attester de ses progrès. Il s’agit donc d’un outil qui va aider l’élève à s’auto-évaluer et prendre conscience de ses réussites, et de ses progrès. Il existe différents types de portefolio :

  • d’apprentissage : collection des travaux de l’élève montrant ses progrès sur une période.
  • de présentation : collection des meilleures productions de l’élève.
  • d’évaluation : choix de productions accompagnées de commentaires.

Le numérique vient offrir à la démarche du portfolio une grande diversité d’actions et de supports pour permettre de rendre compte des réussites et du cheminement de chaque élève.

« Un ePortfolio est une collection d’informations numériques (artefacts ou productions) décrivant et illustrant l’apprentissage ou la carrière d’une personne, son expérience et ses réussites. Un ePortfolio est un espace privé et son propriétaire a le contrôle complet de qui y a accès, comment et quand ». EIfEL (European Institute for E-Learning, 2009 )

Le portfolio nous amène à nous questionner sur notre façon d’évaluer les élèves et sur la forme que doit prendre l’évaluation pour être au service des apprentissages. Evaluer comment et dans quel but ? L’usage des notes doit-il perdurer ? Isabelle Senécal nous explique que nous devons changer notre regard et s’interroger sur « le profil de sortie de l’élève »

« Mais si l’on veut transformer le profil de sortie de l’élève, il est impératif d’élargir notre conception de la réussite. Il faut remettre en question la valorisation à outrance des notes, sachant à quel point ce qu’elles permettent de mesurer est retreint. »

« En fait, le bulletin ne mesure rien de ce qui est vraiment important dans la vie ! »

Voici une courte vidéo expliquant l’utilisation du portfolio au Collège Sainte-Anne.

– La baladodiffusion

« La baladodiffusion permet de travailler la réception orale et la production orale. Sa pratique vise à :

  • mettre en place des échanges de fichiers sonores numériques ;
  • travailler la réception orale comme la production orale.

Les plus-values pédagogiques :

  • accès simplifié à des ressources authentiques diversifiées qui permettent d’exposer les élèves à des variantes linguistiques correspondant à différentes aires géographiques ;
  • pour les élèves : individualisation des tâches d’écoute et d’enregistrement ainsi que du travail dans et hors de la classe, construction de stratégies individuelles, respect du rythme de chacun, développement de la concentration, développement de compétences d’autonomie et de responsabilisation : selon leur âge, les élèves peuvent par exemple mesurer leurs progrès en réécoutant des enregistrements antérieurs sauvegardés ;
  • pour l’enseignant : la baladodiffusion aide à la différenciation pédagogique, à l’entraînement et à l’évaluation de l’oral. Elle facilite des productions plus variées, par exemple dans une perspective actionnelle ; la mutualisation de ressources entre enseignants est facilitée, par exemple grâce au cahier de textes partagé sur l’ENT de l’établissement. »

La baladodiffusion est utilisée principalement en langue vivante mais l’éventail des possibilités est sans limite, il est aisé d’imaginer travailler les stratégies de lecture, l’orthographe comme lors de la préparation d’une dictée, la production d’écrit…

Exemple d’une utilisation de la baladodiffusion dans un collège.

– L’exemple de la dictée « zéro »

Isabelle Senécal dans « Osons l’école, des idées créatives pour ranimer notre système éducatif » cite l’exemple de la pratique de la « dictée zéro ».

« La dictée zéro faute représente également une pratique didactique innovante très intéressante. Elle n’est ni plus longue, ni plus difficile à mettre en œuvre qu’une dictée classique, mais se révèle plus pertinente et plus efficace. »

Le principe :

  • Faire de la dictée une activité pédagogique interactive où l’élève est acteur de son apprentissage grâce au droit qui lui est donné d’exprimer les difficultés orthographiques qu’il rencontre. L’enseignant positionne les élèves en situation de résolution de problèmes où ils vont devoir faire appel à leurs connaissances en collaborant.

La démarche :

  • Un court texte est dicté aux élèves, une phrase à la fois .
  • Pendant la dictée, les élèves peuvent poser des questions sur les difficultés orthographiques rencontrées.

Exemple : « Comment s’écrit « promenait « ?»

  • L’enseignant interroge l’élève afin qu’il précise sa question et qu’il utilise ses connaissances pour analyser et résoudre le problème orthographique.

Exemple : [Enseignant] : « Tu hésites sur quoi ?», « Comment on fait pour accorder un verbe ?», « Pourquoi tu dis qu’on va regarder un pronom ?».

  • À la fin, l’enseignant(e) valide la graphie juste

Les objectifs visés :

  • La verbalisation et l’expression du doute face à la tâche à accomplir
  • Le traitement de l’écrit
  • L’interaction entre pairs
  • Réflexion sur le raisonnement grammatical

Les résultats :

Une expérimentation menée sur deux ans auprès de plus de 800 élèves du Québec, a montré :

  • Une augmentation de l’utilisation automatique des connaissances grammaticales par les élèves lors de phases de production d’écrit.
  • Une augmentation du niveau des élèves qui se situaient sous la moyenne en début d’année.

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2.6 – Enseigner autrement : la CUA, la conception universelle de l’enseignement pour un enseignement égalitaire.

Le collège Saint Anne a mis en place au sein de structure la « conception universelle des apprentissages. La CUA va regrouper un ensemble de principes permettant un apprentissage égalitaire pour tous en proposant la création de buts, de méthodes, d’évaluations et de matériel éducatif qui fonctionnent pour tous les individus. C’est une approche qui va se moduler et s’adapter aux besoins de chaque individu.

La CUA au collège Sainte Anne

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2.7 -Enseigner autrement : l’école berceau de l’apprentissage de nos émotions

Notre société est en mutation, nos façons d’interagir et de se comporter avec autrui nous l’avons montré plus haut, ont aussi changées. Le constat est universel, au-delà de toutes frontières, les jeunes d’aujourd’hui ont plus de mal à gérer leurs émotions. Cette prise de conscience, nous a permis de s’interroger et surtout de dépasser l’aspect cognitif de l’apprenant. En effet, l’école est un lieu d’apprentissage, mais c’est aussi et surtout celui du brassage d’êtres humains, qui évoluent et grandissent côte à côte en étant épris d’émotions différentes, qui se confrontent et sont remises en cause, décuplées, mises à mal ou voir incomprises… Les changements opérés dans nos comportements ont eu cet impact positif de nous faire prendre conscience de notre part émotionnelle qui était jusque là réservée à nos conversations privées ou nos remises en questions individuelles. Aujourd’hui, notre société a pris un tournant et il est aisé d’entendre parler de la compréhension et de la gestion de nos émotions. Il n’y a qu’à voir le florilège d’ouvrages, de sites Internet, de documentaires, de films, de jeux, de conférences sur le sujet destinés autant à l’enfant qu’à l’adulte. Tout ce cheminement, nous amène donc à penser que comme il est nécessaire d’apprendre des savoirs cognitifs de base, il semble aujourd’hui de plus en plus évident que l’appréhension de notre part émotionnelle et identitaire nécessitent elles aussi leur place en tant que domaine d’apprentissage à l’école. Des études ont d’ailleurs montré qu’une grande partie de notre cerveau est dévolue aux relations sociales. Le collège Sainte Anne, n’est pas passé outre cette révolution émotionnelle et met en place différentes pratiques au sein de son institution.

« Tant et aussi longtemps que nous laisserons dans l’ombre des dimensions importantes du développement de la personne, l’école sera génératrice d’anxiété. »

Catherine Gueguen, pédiatre et auteure de « Heureux d’apprendre à l’école . », nous explique le rôle dse émotions dans le développement des compétences sociales et émotionnelles et son désir de voir les émotions entrer à l’école.

  • La construction d’un nouveau paradigme « élève »

Repenser l’école nous amène à en redéfinir ses différents composants et l’élève en fait bien évidemment partie.

« A l’école du 21e siècle, les pratiques et les programmes scolaires doivent s’adresser à l’élève dans sa globalité et porter sur trois volets que je formule ainsi : construire le « soi », construire le « nous », construire le « tout » »

La première préoccupation de l’école Sainte Anne est donc de prioriser dans ses apprentissages la construction du « soi ».

« En premier lieu, construire le « soi ». Nous ne pouvons prétendre former des élèves compétents si nous ne nous intéressons pas à leurs besoins sur le plan humain, plus précisément sur le plan de la construction de soi. En effet, les forces qui manquent à notre jeunesse sur le plan personnel, mais dont elle aura grandement besoin sont les suivantes : la connaissance de soi, la confiance en soi, l’autonomisation (empowerment) et l’intériorisation (la capacité à aligner ses valeurs, ses croyances et ses actions). »

  • L’apprentissage de construction identitaire et émotionnelle : des exemples d’activités à mettre en place.

L’équipe enseignante du collège Sainte Anne est notamment formée pour offrir aux élèves des séances de :

Méditation de pleine conscience ou « mindfullness »

C’est une technique permettant de focaliser son attention sur l’instant présent en bloquant l’afflux de pensée incessantes et polluantes. Comme par exemple : est-ce que j’ai bien fermé la porte ce matin ? Pourquoi ai-je répondu ainsi à ma collègue ?

Les recherches scientifiques permettent de mettre en avant les bienfaits de la pleine conscience :

– Calmer les angoisses et les flux des pensées négatives.

– Une amélioration de la santé physique et mentale.

– Focaliser l’attention, clé de notre capacité d’apprentissage.

Richard Burnett et son équipe enseignante ont créé un programme de méditation de pleine conscience à l’école. Selon leurs observations, cette pratique permet :

  • Contrôler l’attention des élèves pour les préparer aux apprentissages.
  • Réguler leur colère et frustration.
  • Développer l’empathie.
  • Réduction du stress et des angoisses générées par les examens et les évaluations.
  • Lutter contre la dépression précoce.
  • Redonner le goût de l’école.
  • Sentiment d’apaisement par un contrôle du flux de stimuli extérieurs.

Témoignage d’une expérimentation en maternelle :

Des techniques respiratoires

Toute comme la méditation de pleine conscience, les exercices de respiration vont avoir de nombreux bénéfices auprès des enfants :

  • Meilleur contrôle de leurs émotions.
  • Augmentation de leur capacité d’attention et de concentration.
  • Amélioration de leur compréhension du fonctionnement de leur corps.
  • Leur prononciation et manière de communiquer s’améliorent.

Daniel Goleman, psychologue américain, auteur du célèbre ouvrage « L’intelligence émotionnelle » explique :

« Les exercices de respiration optimisent le développement cérébral des enfants afin d’améliorer leur attention et réduire l’effet du stress. »

Exemple d’une expérimentation dans une école élémentaire de l’académie de Poitiers :

  • La relation enseignant-élève sous l’égide de la bienveillance

Plusieurs études montrent l’importance de la relation « enseignant-élève » dans la réussite et le bien-être de l’apprenant. Une étude menée par l’OCDE démontre notamment l’incidence que peut avoir la relation « enseignant-élève » sur le regard que l’apprenant porte sur lui-même. Il est malheureusement aisé de se souvenir des effets négatifs d’un enseignant dont les paroles peuvent être blessantes ou dévalorisantes, nous amenant à nous persuader que l’on est incapable de la moindre réussite. D’autres études surprenantes montrent que pour un même exercice réalisé dans une classe à niveau égal, la manière de présenter le sujet de l’exercice en pointant sa difficulté, si c’est une évaluation va avoir des répercussions considérables sur la réussite des élèves.

Maël Virat chercheur en psychologie à l’école nationale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, s’est intéressé à la relation enseignant-élève et a écrit le célèbre livre : « Quand les profs aiment les élèves. Psychologie de la relation éducative »

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2.8 – Enseigner autrement : en collaborant avec les différents acteurs de l’école

Tout comme il est important de se recentrer sur la construction et l’appréhension de notre individualité, il est tout aussi primordial d’apprendre à interagir et à collaborer les uns avec les autres. Avec l’utilisation des réseaux sociaux et des différentes plateformes d’échanges de données (Google Drive, Padlet, chaînes Youtube…), nous sommes entrés dans l’ère du partage et du tutoriel. Il est aisé de trouver une vidéo réalisée par un particulier pour nous aider à construire, réparer, nettoyer…n’importe quel chose du quotidien. Les comptes personnels proposant des idées d’activités ludiques pour les enfants fleurissent sur la toile. Les défis globaux, avec le changement climatique vont dans ce sens, nous construisons des solutions et les partageons afin de collaborer ensemble pour un autre monde. Cependant, collaborer n’est pas une compétence qui nous est intrinsèque, elle nécessite un apprentissage. Apprendre à collaborer fait partie des compétences de nos programmes scolaires sans pour autant que cela prenne la forme d’un apprentissage à part entière, la collaboration est souvent cachée sous une autre activité scolaire, sans être travaillée en profondeur. Au collège Sainte Anne, Ugo Cavenaghi et Isabelle Senécal ont réfléchi à la façon d’intégrer l’apprentissage de la « collaboration » dans leur établissement.

« Davantage d’échanges et de collaboration, voilà ce que nous souhaitons à l’école d’aujourd’hui et de demain. Notre société a le besoin pressant de gens qui ont appris dès leur plus jeune âge à travailler ensemble, dans le respect des différences. »

  • Apprendre aux élèves à collaborer : la construction du « nous » pour créer un « tout »

Isabelle Senécal explique dans « Osons l’école »  la nécessité de construire le « nous », en apprenant à interagir et créer avec les autres dans le but de construire le « tout », c’est-à-dire être conscient que nous sommes des acteurs du monde qui nous entoure et que nos choix et façons de vivre ont un impact sur notre environnement collectif.

«Ils et elles doivent pouvoir vivre des expériences humaines enrichissantes, dans un climat bienveillant où les enseignants leur servent de guides pour les aider à devenir authentiques et empathiques, et pour apprendre à travailler ensemble au bénéfice du groupe. 

 Enfin, construire le « tout », c’est-à-dire apprendre aux jeunes qu’ils et elles font partie d’un écosystème et les inciter à se soucier du bien-être collectif. »

L’exemple du projet collaboratif multigénérationnel « Lab maker place »:

Le collège Sainte Anne développe la culture du « maker » c’est une culture contemporaine tournée vers la création, l’expérimentation en groupe au travers de la technologie. L’école projette la construction d’un « makerspace » c’est-à-dire un espace laboratoire dédié à l’expérimentation et la création. Pour renforcer le caractère collaboratif de cet espace, ils envisagent de l’ouvrir aux habitants de la ville pour permettre de faire naître et fructifier une collaboration intergénérationnelle.

De nombreuses autres pratiques pédagogiques invitent les élèves à apprendre en collaborant: l’exemple de la dictée zéro mentionnée plus haut, l’utilisation des tableaux numériques interactifs, le travail en petit groupe de 6 élèves…

« Au cœur de cette vision, vous l’aurez probablement deviné: la collaboration, et plus particulièrement le travail en cellules de six élèves, pas forcément du même âge. Il s’agit du nombre de personnes que les professionnels des industries créatives considèrent comme optimal pour favoriser la créativité collaborative. » 

  • Faire collaborer les enseignants entre eux

Il n’y a pas de secret pour apprendre aux élèves à collaborer, il faut aussi que l’équipe enseignante soit dans cette dynamique de travail. Voici un exemple de la pratique collaborative des  enseignants.

  • Le « co-teaching »: les enseignants vont travailler en collaboration pour accroître la qualité de leur enseignement. Ce sont de leurs échanges que naîtra la richesse et la singularité de leur pratiques pédagogiques. Pour cela le collège Sainte Anne projette de constituer des équipes regroupant trois profils d’enseignants.

« Les enseignantes travailleront en étroite collaboration, en mode co-enseingnement (co-teaching). Les équipes éducatives compteront trois profils d’enseignantes: des spécialistes des différentes disciplines, responsables de la planification des contenus et de la gestion de données d’apprentissage sur chaque élève; des coachs d’apprentissage, assumant l’enseignement explicite et le soutien individuel; des « spécialistes défis », responsables de la planification des défis et des projets multidisciplinaires que devront réaliser les élèves, ainsi que les relations avec les experts et autres invités. »

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2.9 – Enseigner autrement : l’importance de la créativité

Pour Isabelle Senécal et Ugo Cavenaghi, la créativité doit devenir un domaine d’apprentissage à part entière dans l’école de demain. Ce n’est pas pour rien qu’un chapitre de leur livre « Osons l’école » y est consacré « La créativité, ça s’enseigne ! ».

Pourquoi doit-on l’enseigner ?

L’enseignement de la créativité n’est pas une lubie de ces deux précurseurs de l’éducation, mais il est le résultat d’une prise de conscience de plusieurs instances et chercheurs. A l’image de la recherche «Fostering student’s creativity and critical thinking. What it means in school » menée par l’OCDE en 2019:

« l’OCDE rend compte d’une expérimentation internationale menée dans 11 pays, dont la France, pour favoriser le développement de la pensée critique et de la créativité dans l’enseignement. L’ouvrage propose des démarches pédagogiques et dresse un premier bilan pour chacune des 13 équipes. » François Jarraud

Cette étude met notamment en avant l’importance de la prise en compte de la créativité dans notre enseignement car elle répond à un besoin et aux bouleversements de nos sociétés. Comme nous l’avons expliqué en première partie le développement de l’intelligence artificielle va modifier nos métiers, amenant certains à disparaître et nécessitant à d’autres d’être créés. Nous avons donc besoin de former des jeunes qui seront capables de développer leur esprit d’entreprendre, d’imaginer, de créer pour faire face aux nouvelles dynamiques de notre société.

De plus, sa prise en compte interroge nos manières d’enseigner aujourd’hui. Des études comme celle du Docteur Georges Land et Berth Jaman montrent que la créativité décroit au fil des années passées à l’école alors que l’enfant naîtrait avec un potentiel créatif en lui.

On vous invite à visionner l’intervention « Comment l’école tue la créativité » de Ken Robinson expert en éducation, qui prône un enseignement de la créativité et de l’innovation dans nos écoles.

Isabelle Senécal offre une définition à la créativité :

« Pour définir la créativité le plus simplement possible, je dirai qu’il s’agit de la capacité à trouver des solutions nouvelles, originales, à des problèmes. » (« problème » au sens de projet à réaliser)

  • L’enseignement de la créativité aux élèves du collège Sainte Anne

Plusieurs occasions sont offertes aux élèves de développer leur créativité et cela ne se limite pas au domaine des arts comme on pourrait le croire.

La créativité ça s’enseigne, conférence d’Ugo Cavenaghi:

Isabelle Senécal met en avant la nécessité d’une démarche pour l’enseignement de la créativité.

  • Donner les ressources nécessaires à l’élève de développer sa flexibilité neuronale au travers d’activités comme : l’improvisation, le jeu, le brainstorming, des activités en laboratoire créatif ou au sein du makerspace
  • Mettre en place des stratégies enseignantes pour développer la création. L’utilisation du principe de la résolution de problème est un très bon outil pour cela car la situation invite à donner des réponses multiples et variées
  • Promouvoir et encourager la culture de l’essai-erreur afin de permettre le développement de la posture créative.

10 programmes pour permettre à chaque élève de trouver son talent:

Le collège Sainte Anne, à partir de la sixième, permet aux élèves de pouvoir s’inscrire dans différents domaines extérieurs aux savoirs fondamentaux purs.

« Au secondaire, nous offrons 10 programmes exclusifs axés sur les arts, le sport et les sciences, notamment grâce auxquels les jeunes peuvent découvrir leur centre d’intérêt et se forger une image positive d’eux même ou d’elles-mêmes, autrement que dans leurs performances dans les matières académiques. »

Ces programmes en arts, sports, sciences…offrent l’occasion aux élèves de découvrir et nourrir leurs passions et de pouvoir continuer à s’exercer et entreprendre au sein de celle-ci. Ils développent ainsi leur talent et leur capacité créative au travers des enjeux liés à la collectivité : entraide, empathie, ….

Le collège Sainte Anne a créé un programme qui ne semble exister nulle part ailleurs dans les structures scolaires du Canada : « Le programme Sport et Art élite » qui permet d’accompagner les étudiants qui pratiquent une activité artistique ou sportive intensive pouvant aller jusqu’à plus de 15h par semaine. L’équipe éducative les accompagne pour leur permettre de réussir leurs études et de s’épanouir dans leur passion.

Le programme « Défi Monde »

Ce projet d’envergure repose sur la création par les élèves d’un projet humanitaire. Ils vont devoir en définir les étapes et les différents partenaires locaux avec qui ils vont s’associer. A l’issu du projet, les élèves se rendent à l’étranger pour le mettre en œuvre. C’est l’aboutissement de 3 années de travail collaboratif et intensif au cours desquelles ils suivent des cours de langue ou de leadership.

Des exemples de projets réalisés ou à venir :

  • Enseignement de l’anglais dans une école défavorisée en Inde.
  • Collaboration en Indonésie avec un organisme créant de l’artisanat à partir d’objets issus de recyclage. Leur mission sera de les aider à étendre cette activité aux villages alentour.

Création d’un « makerspace » et d’autres espaces de travail spécifiques invitant à la créativité.

Comme nous l’avons dit précédemment, le collège Saint Anne développe la culture du « maker » dont le but principal est la création et l’expérimentation en utilisant la technologie. Le futur « makerspace » qui sera créé, va permettre aux élèves d’entreprendre divers projets et d’expérimenter notamment dans la robotique, la programmation, la conception 3D…

D’autres espaces de l’école ont été conçus pour inviter et développer la créativité des élèves. À l’image d’autres écoles visitées, Saint Anne, a fait le choix de créer des espaces thématiques comme une salle d’art dramatique, une salle d’horticulture composée notamment d’un atelier d’aquaponie, un laboratoire scientifique ou encore une salle de construction de Légos.  De même, la bibliothèque déjà resplendissante dû fait de son établissement au cœur de l’ancienne chapelle du couvent, s’est enrichie d’environnements divers. Un espace dédié à culture amérindienne où l’on retrouve un tipi, des décorations en mousse comme un feu de bois ou des sapins, des poufs gris aux formes ovales, donnant l’illusion de s’étendre sur des galets. Ou encore, l’espace lecture, où l’on retrouve des balançoires suspendues face à un mur étoilé nous invitant à nous évader dans l’univers du cosmos, un espace « jardin-matin » avec des tabouret en souche, des portemanteaux en branches d’arbres favorisant  une reconnexion avec notre environnement. Les études scientifiques nous le prouvent aujourd’hui, la simulation de la créativité va permettre de développer de nombreuses compétences chez l’enfant tel que : l’estime de soi, le développement de la concentration et de l’esprit critique, expression des émotions…

Pour vous rendre compte des prouesses d’aménagement de l’espace du collège, rendez-vous ici!

Le collège Sainte Anne a co-fondé à Montréal en 2016 la Factry une école des sciences et de la créativité.

« La Factry propose des cours et des ateliers centrés sur le développement de la créativité appliquée à la résolution d’une variété de problématiques : sociales, culturelles, industrielles. »

Au sein de l’école, des experts des formations sont dispensée par des experts locaux et internationaux spécialisés dans l’innovation. Les étudiants du Collège Sainte Anne qui sont inscrit au programme « Arts, lettres et communication » vont pouvoir rencontrer ces professionnels et réaliser des stages dans des entreprises issues de l’industrie créative.

La Factry selon Ugo Cavenaghi.

  • La créativité et les enseignants ?

Pour faire de la créativité une compétence de l’école, les enseignants doivent aussi apprendre à l’enseigner. Le collège Sainte Anne offre un panel de ressources aux enseignant pour les aider à s’engager dans cette démarche :

Des formations riches et variées :

« Nous offrons une douzaine de formations, selon plusieurs formules. Des formations d’une demi-journée ou étalées sur plusieurs jours, des ateliers  et des webinaires, sur des sujets variées: la création de vidéos, l’optimisation de l’espace de cours numérique, la ludification des apprentissages et la collaboration, pour n’en nommer que quelques-uns. »

La promotion du « leadership enseignant »:

Ces formations:

  • pour la plupart sont données par des enseignants qui détiennent une expertise dans un domaine d’apprentissage.
  • prévues sur le temps des journées pédagogiques ou sur le temps de classe alors les enseignants bénéficieront d’un remplacement.

Chaque enseignant suit au moins une formation dans l’année, par ailleurs, elle sont aussi ouvertes à l’ensemble de la communauté éducative du Québec.

Deux exemples de formation :

  • Formation en pensée « Design » :

La pensée « Design » ou le Design Thinking est un mode de pensée, né aux Etats-Unis et emprunté aux designers. Apparue dès les années 80, elle n’a eu de cesse d’évoluer, elle correspond aujourd’hui à un processus de création permettant l’émergence d’idées et leurs réalisations dans une dimension collective.

Isabelle Senécal s’est donc penchée sur la formation des enseignants à la « pensée design » dans le cadre de la résolution de problèmes car elle représente pour elle une démarche d’enseignement intéressante.

La pensée « design » pourrait se résumer en cinq étapes principales :

  • Empathie : identifier la problématique, être à l’écoute du besoin, comprendre l’utilisateur, ce qu’il fait ressent et dit de son environnement.
  • Définition de la problématique : formaliser une idée générale et l’objectif.
  • Idéation : générer, brainstormer un maximum d’idées.
  • Prototyper : explorer les options, réaliser des prototypes, tester des possibilités.
  • Tester, communiquer et mettre en oeuvre le projet : obtenir des retours de l’utilisateur. »

Créativité et pensée design dans l’éducation :

  • Une formation de six jours sur « Comprendre la créativité pour la développer en soi et chez les autres». Cette formation va permettre de présenter et d’expliquer aux enseignants le fonctionnement du cerveau dans le processus d’apprentissage : la plasticité cérébrale, les spécificités nécessaires pour apprendre et retenir les informations…
  • Développement du leadership créatif : Afin de permettre aux enseignant de développer leur créativité, l’école Sainte Anne ne s’arrête pas à uniquement offrir des formations à l’équipe enseignante. Ugo Cavenaghi et Isabelle Senécal développent le « leadership créatif », le but étant de nourrir son équipe de nouvelles ressources tout en stimulant leur créativité. Ainsi, les enseignants vont pouvoir participer à des comités de travail sur des thématiques qui les intéressent, les échanges et débats tiennent une place importante au sein de l’établissement.

Deux exemples :

  • La bourse de l’innovation. Un fond de 65 000 euros est destiné chaque année à promouvoir des projets pédagogiques innovants chez les enseignants de la maternelle au lycée.

Voici des projets pédagogiques innovants ayant reçu une bourse:

« Bourse d’innovation : la différenciation en lecture »

« Bourse d’innovation : les sciences à l’extérieur »

« Bourse d’innovation : création d’un laboratoire d’immersion virtuelle »

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2.10 – Enseigner autrement : en intégrant les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle

Les nouvelles technologies et l’arrivée grandissante de l’intelligence artificielle nous l’avons vu en première partie bouleversent les différentes parts de notre société. L’école pour évoluer et changer en profondeur doit prendre en compte ces mutations et les intégrer au cœur de ses dynamiques d’apprentissages. Ugo Cavenaghi et Isabelle Senécal se sont lancés dans des projets ambitieux sur le sujet qu’ils nous exposent principalement dans leur second ouvrage « Osons l’IA à l’école. Préparons nos jeunes à la révolution de l’intelligence artificielle. »

« L’IA et les changements qu’elle entraînera, notamment sur le marché du travail, rendent la transformation de nos pratiques éducative encore plus nécessaire et urgente. »

Un accès à de nouveaux savoirs : la programmation

Au collège Sainte Anne, le codage informatique est enseigné dès la maternelle car il constitue la grammaire du XXIe siècle. L’informatique est tout autour de nous il est donc important d’en comprendre le langage. De plus son enseignement permet de développer des compétences sous-jacentes comme la logique, la collaboration…

L’exemple de la semaine de la programmation à Sainte Anne.

Courte vidéo sur l’enseignement la programmation au primaire 

« Le code est partout…tout autour de nous ! Et, alors que les technologies sont de plus en plus présentes, il faut s’attendre à y être encore plus exposé dans les années à venir…Aussi, la question de la formation de tous, et en particulier des plus jeunes, à sa compréhension, est d’une absolue nécessité. Il s’agit même d’une compétence majeure à acquérir pour les jeunes » (OECD, 2015).

Au lycée, les élèves font de la programmation grâce au programme « SciMaTIC » mêlant sciences, mathématiques et technologies. L’activité est rendue encore plus ludique grâce à l’utilisation de robots « Nao » qui vont exécuter et interagir avec l’élève en fonction de la programmation qu’il aura créé.

Ces robots ont aussi été expérimentés dans d’autres structures éducatives de Québec auprès d’enfants en « adaptation scolaire » notamment atteint du spectre de l’autisme. Leur utilisation s’est montré un outil de choix pour faire progresser les élèves dans les différents domaines scolaires comme la lecture, écriture…

Ugo Cavenaghi et Isabelle Senécal projettent dans les futures années de pouvoir utiliser la réalité virtuelle et augmentée dans l’éducation.

« Les technologies immersives ouvrent de formidables horizons dans le domaine de l’éducation et de la formation. »

« Parce qu’elles permettent des expériences cognitives et sensori-motrices interactives, où le corps est engagé dans l’apprentissage, les technologies immersives offrent un contexte pédagogique sans pareil. »

En attendant, ils ont déjà créé en 2018, le projet LIVE (Laboratoire d’immersion virtuelle en éducation) en collaboration avec une entreprise de conception de jeux vidéos et d’expériences interactives de Montréal. Il s’agit d’une expérimentation sur l’utilisation de la réalité virtuelle et augmentée en éducation. Le collège a ainsi été notamment pourvu de 37 visiocasques. Ce projet d’envergure est suivi par un chercheur de Montréal pour en mesurer les effets.

« Le projet pilote consiste à mettre à la disposition de notre personnel enseignant et de nos élèves des experts qui les assistent dans leur expérimentation de la RV et la RA, à travers des activités pédagogiques adaptées à chaque champ disciplinaire et à chaque niveau. »

Le projet LIVE en quelques mots.

En parallèle, les élèves bénéficient d’un programme de « citoyenneté au numérique » pour permettre d’éduquer les élèves aux dangers et éthiques des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle.

« Nous avons un programme de citoyenneté numérique adapté à tous les niveaux, qui encourage les élèves à adopter des comportements responsables avec les outils technologiques. Nous améliorerons constamment ce programme et nous y avons intégré un volet sur l’éthique à l’ère de l’IA. »

Un outil pour recueillir les impressions des élèves

L’usage des nouvelles technologies est un outil précieux qui va permettre aux élèves de donner leurs impressions sur les apprentissages qui leurs sont délivrés. En effet, il n’est pas rare pour un enseignant de vouloir savoir ce qu’ont pensé les élèves de leur enseignement afin de pouvoir y remédier et l’améliorer.  Cette pratique est souvent vaine car il est souvent délicat de donner ses impressions.

Or, les nouvelles technologies permettent d’abaisser cette barrière par l’usage notamment d’application de sondages en ligne. Au collège Sainte Anne, les élèves ont ainsi accès à un sondage rapide en ligne en fin de chaque séance grâce à la collaboration avec une application québécoise « Fovea ».

« Le projet est né du constat qu’il existe peu de moyens pour recueillir les impressions de élèves. Pour certaines données qualitative, l’enseignant ou l’enseignante ne peut que se fier à ses impressions et à son intuition. »

Les sondages construits par l’application se sont basés sur recherches en éducation pour être efficients. Ils permettent d’informer sur différentes dimensions de la situation d’apprentissage.

« L’application mobile permet à l’enseignant de sonder ses élèves en ligne à la fin de chaque séance, de façon automatisée, rapide et conviviale. Le sondage éclair porte sur un aspect à la fois : leur engagement, leur niveau de stress, leur perception de pertinence du cours dans leur parcours scolaire, etc… »

A la suite du recueil des impressions et opinions des élèves toutes les données sont immédiatement transmises à l’enseignant sous forme d’un graphique qu’il va pouvoir facilement analyser. Ces données lui permettront de recentrer, remédier ou diversifier ces apprentissages.

Un outil pour la pratique enseignante

Les nouvelles technologies et l’utilisation de l’intelligence artificielle à l’école vont être un outil et une aide pour l’enseignant dans sa pratique.

Pour y parvenir, cela débute au collège Sainte Anne par un bon équipement. Chaque élève dispose de son ordinateur depuis 2014, les classes sont équipées d’un TNI et d’un projecteur multimédia, et l’école est aussi pourvue d’une salle multimédia pour le tournage de vidéos.

Les nouvelles technologies et l’IA vont être un outil de choix pour permettre de définir et d’analyser avec précision les différents profils d’élèves que l’enseignant a dans sa classe. Nous savons que chaque élève est différent et qu’ils ont tous une manière d’apprendre différente et que c’est à l’enseignant d’adapter sa pratique aux différents profils et non l’inverse.

« L’IA appliquée à l’éducation permettra d’offrir aux jeunes la possibilité d’apprendre différemment grâce à de méthodes et des moyens qui sauront les engager plus positivement et durablement. L’IA permet en effet de créer des parcours d’apprentissage individualisé, tenant compte des besoins propres à chaque élève. Il faut revoir le modèle qui consiste à enseigner à tout le monde la même chose en même temps. »

« En Education tout particulièrement, la capacité qu’auront les applications d’IA à tenir compte de tous les aspects de l’investissement d’un élève dans ses apprentissages, incluant son état émotif, sera un outil précieux. L’IA donnera aux enseignants et aux enseignantes les moyens d’affiner leur compréhension de la façon dont chaque élève apprend et les orientera vers les meilleures stratégies pédagogiques possibles. »

L’IA va servir à récolter une richesse d’informations sur l’élève et son profil d’apprentissage. Elle va pouvoir récolter par exemple le type d’erreur qu’il produit et leur récurrence, mais aussi son temps d’hésitation, son état émotionnel…toutes ces données vont être stockées et analysées pour permettre d’en définir son profil.

« L’application peut prendre en compte l’état émotionnel de l’élève, si cette dernière porte un bracelet connecté qui enregistre des signes physiologiques tels que le rythme cardiaque et la température corporelle, que des algorithmes d’informatique affective analysent en continu. Les émotions jouent en effet un rôle capital dans l’apprentissage et nous devons les prendre en compte. »

Grace à la récolte et l’analyse de ses données, l’IA va permettre une personnalisation de parcours d’apprentissage « adaptative learning ». Par exemple, en 2019, le collège Saint Anne a créé un assistant pédagogique virtuel pour leurs élèves de première.

« Au début de l’année 2019, notre collège s’est lancé dans la création d’un assistant-enseignant pour le cours de chimie de 5e secondaire, sous la forme d’une application mobile. »

Cet assistant virtuel va permettre de personnaliser le parcours de chaque élève en lui apportant une aide pour structurer sa pensée, pour le guider pas à pas dans son investigation ou encore lui suggérer des exercices supplémentaires ou complémentaires, le mettre en relation de tutorat avec d’autres élèves de la classe…Cet un outil puissant car il permet de développer trois facteurs essentiels à l’éducation : la personnalisation des parcours, le développement de l’autonomie et l’enrichissement de la relation enseignant-élève. L’enseignant va ainsi disposer de plus de temps pour venir en aide aux élèves et les faire évoluer.

« L’élève bénéficie ainsi d’un scénario d’apprentissage créé sur mesure et continuellement réajusté en fonction de ce qui se passe réellement dans son expérience. »

« L’IA sera fort utile pour ce qui relève de la métacognition, c’est-à-dire la capacité qu’a l’élève à se connaitre et de comprendre sa manière d’apprendre.  La rétroaction en continue aide l’élève à bien se représenter ce qu’il a maitrisé et ce qu’il doit améliorer. »

Un outil pour se former

Les nouvelles technologies sont aussi un outil privilégié pour permettre aux professionnels de l’éducation de se former. Le « Cours de demain » dont nous avons parlé plus haut en fait partie. Il rend accessible une richesse de supports variés pour faire évoluer sa pratique.

L’usage de toutes ces technologies peut être effrayant pour beaucoup d’enseignants, notamment sachant l’impact que les écrans peuvent avoir sur notre santé. Cependant, alors que les élèves à Saint Anne ont un accès important aux nouvelles technologies au quotidien, ils ont eu l’initiative de demander la construction d’un espace « déconnecté ». Une salle où ils pourraient se retrouver entre eux pour discuter mais avec pour seule règle de ne pas avoir avec soi un objet connecté à Internet. Cela illustre par un très bel exemple la conscience de l’esprit humain sur ce qui est et restera toujours nécessaire à sa construction et son fonctionnement.

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2.11 – Enseigner autrement  grâce à l’aménagement de l’école et des classes.

Au collège Sainte Anne, comme dans plusieurs écoles visitées, l’architecture et l’aménagement des classes ont été pensés et réfléchis pour se mettre au service des apprentissages. L’impact et les effets d’un aménagement de l’espace sur la qualité du travail, la nature des interactions, le développement de la créativité ou tout simplement l’équilibre psychologique et le bien-être des employés n’est plus à prouver ! À l’image des grandes start-ups que l’on voit fleurir, n’hésitant pas à user de créativité pour créer une espace de travail misant sur le développement d’un sentiment de bien-être physique, psychologique et émotionnel de ses employés. Le collège Sainte Anne s’inscrit dans cette dynamique.

  • Des salles de classe amovibles. A l’image de l’innovation pédagogique qui se veut être au plus près de l’individualité de chacun, les salles de classe se sont transformées pour s’adapter en permanence à la vie de la classe. Ainsi, des murs amovibles permettent d’agrandir et moduler l’espace de travail en fonction des besoins des élèves et de l’enseignant. Comme l’enseignant s’adapte à chaque élève, l’espace y contribue en offrant des possibilités d’agencement de sa surface.
  • Des classes flexibles et ouvertes sur l’extérieur. Maria Montessori l’avait déjà perçu à son époque, l’enfant pour apprendre ne peut pas rester statique, il a besoin de bouger.

« C’est une grande erreur que de séparer complètement la vie physique de la vie mentale ; aussi les jeux doivent-ils être inclus dans le curriculum de façon que l’enfant développe son corps en même temps que son esprit.

Il est essentiel que pour notre nouvelle éducation le développement mental soit relié au mouvement et en dépende. Sans le mouvement, il n’y a ni progrès, ni santé mentale. – Maria Montessori »

Le concept des classes flexibles est né aux Etats Unis et au Canada. Le principe est d’aménager l’espace de travail afin d’offrir aux élèves une variété de postures de travail qui favoriseront leur confort, et leur concentration. Ainsi, un élève pourra au fil de la journée circuler dans la classe et utiliser des assises et postures de travail diverses dans lesquelles il se sent le plus à l’aise en fonction des activités d’apprentissage qu’il doit réaliser. Plusieurs recherches scientifiques viennent appuyer ses pratiques. La clinique Mayo à Rochester, NY, a mené une étude sur plus de 300 élèves durant une année scolaire, qui a permis de démontrer que la capacité de concentration des élèves avait augmenté de 12% grâce à l’utilisation d’une variété de postures de travail, comme par exemple : pouvoir bouger et circuler dans la classe, ou encore de pouvoir travailler debout à des tables… 

Ainsi, le collège Sainte Anne, a décidé de rendre flexible 10% de chacune des classes afin de permettre à la pédagogie active de prendre tout son essor en situation de classe. Cela s’illustre au travers d’assises diverses : des tabourets oscillants, des tapis, des grands poufs, par des tables triangulaires et sur roulettes permettant de construire et défaire des situations de travail collectif en quelques secondes. La liberté de pouvoir s’asseoir et se positionner où l’on veut permet de s’adapter au besoin de chaque élève. Les classes sont aussi pourvue d’immenses vitres, permettant l’ouverture sur l’extérieure et de décloisonner et faire respirer l’espace de travail.

  • Un choix de matériaux et de couleurs. Au collège Sainte Anne rien n’est laissé au hasard. L’école est pourvue d’un éclairage LED pour favoriser la concentration des élèves, l’utilisation d’une couleur unique dans chaque classe et repris sur la porte d’entrée pour créer le sentiment d’appartenance à un groupe chez l’élève. La couleur bleue, comme emblème pour toute l’école car elle invite à la créativité. On la retrouve partout sur l’ensemble des murs de l’école. Enfin, suite à des études prouvant qu’un élève apprendra mieux si l’on met en avant son cheminement cognitif, en plus du matériel tel que les tableaux numériques interactifs, l’on peut écrire sur certains murs de la classe et des couloirs.

Pour plonger dans l’univers architectural de cette école hors nomes, rendez-vous ici et ici!

En conclusion de cet article, il est important de citer le projet hors norme qui est entrain de voir le jour à Sainte Anne: la construction de leur école rêvée où tout a été pensé et réfléchi pour être en correspondance avec les mutations de notre société.

Leur intention:

« Nous souhaitons développer, chez nos élèves, les compétences dont ils auront besoin pour se réaliser et avoir un impact sur leur société.

La nouvelle école secondaire est une école qui amène les adolescents à agir en tant que citoyens confiants, conscients et engagés, en redéfinissant l’expérience d’apprentissage et en visant un impact social constructif et fort. »

Voici une courte vidéo présentant ce projet d’envergure:

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Lien vers la ruche d’inspirations

3 – Notre ruche d’inspirations.

Afin de vous permettre d’aller plus loin dans vos recherches ou vos pratiques pédagogiques, nous avons constitué cette ruche pédagogique rendant accessibles diverses ressources abordant les thématiques présentées dans cet article.

 

Le cours de « DEMAIN »

Pour en savoir plus sur le cours de « Demain » créé au Collège Sainte Anne, voici une page de leur site Internet qui y est dédiée.

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Statut de l’erreur :

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Enseigner à plusieurs:

  • Voici un article intéressant et des ressources qui y sont liées sur l’enseignement à plusieurs.

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La classe inversée :

Conférence sur la « classe renversée » par Jean Charles Caillez, professeur et Vice président chargé de l’innovation et du développement et directeur du laboratoire d’innovation pédagogique.

Conférence: « Pédagogie inversée: l’élève acteur de ses apprentissages » par Marie Hélène Fasquel enseignante en littérature américaine au lycée Nelson Mandela de Nantes. Elle a notamment reçu de nombreux prix en rapport avec ses pratiques pédagogiques innovantes, dont le Prix National de l’Innovation à l’Unesco en 2013.

  • Voici des sites très riches qui permettent d’approfondir vos connaissances sur la classe inversée:

La classe inversée.

Article des éditions Hatier  sur la pédagogie en classe inversée.

-Le site « Scoop »: regroupant une richesse et diversité d’articles sur la classe inversée.

Les jeux de rôles et simulation :

Baladodiffusion :

Portfolio :

La dictée « zéro faute »

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CUA

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La méditation de pleine conscience à l’école

Exercices de respiration :

La bienveillance dans la relation enseignant – élève

  • Le « Looping » une méthode pour améliorer le rendement scolaire et la relation enseignant-élève au primaire.
  • Article simple permettant d’avoir des conseils de base dans la relation enseignant-élève dans le secondaire.
  • Process communication : un modèle de communication qui facilite la gestion de la classe. Il se base sur les personnalités des élèves et la manière de communiquer en fonction de la personnalité de base de chacun.

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Collaborer : la création d’un « makerspace »

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Créativité :

Pensée design :

L’Intelligence Artificielle et les nouvelles technologies.

La programmation :

Sondage :

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Classes flexibles :

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*Les citations de cet article sont tirées des deux ouvrages d’Ugo Cavenaghi et Isabelle Senécal « Osons l’école, des idées créatives pour ranimer notre système éducatif. » et « Osons l’IA à l’école, préparons nos jeunes à la révolution de l’intelligence artificielle »

L’article a été rédigé par Coralie Delcol, professeur des écoles et membre du bureau de l’association IMAGO.

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